Les Mots, autobiographie de Jean-Paul Sartre, est publié en 1963 et raconte l'enfance de l'écrivain et sa découverte des mots.
L'ouvrage est divisé en deux parties "lire" et "écrire". Il porte un jugement sur la manière dont il s'est construit psychologiquement pendant l'enfance. Ses grands-parents maternels et son père meurt peu après sa naissance en 1905, il vécu donc avec ses grand-parents paternels et sa mère. Son passion pour la lecture est par l'observation des livres anciens de son grand-père, ce qui lui fait apprendre plusieurs auteurs. Plus tard, des visions de la mort précèdent le décès de sa grand-mère dont il ne se remet pas de suite. Le premier chapitre s'achève par une description du cinéma du Panthéon : Son rêve par ce lieu magique. Il se compare même au cinéma, il disait souvent "j'avais 7 ans, je savais lire et il en avait 12, il ne savait pas parler". Fasciné par le cinéma, il invente lui-même des scènes, jouant au rythme de la musique du piano de sa mère. Il jouait seul et il nous explique qu'il était totalement ignoré des autres enfants.
Le second chapitre nous présente une nouvelle passion de Sartre : L'écriture. Celle-ci a des correspondance en vers de son grand-père. Il essaie de réécrire les fables de la Fontaine en alexandrins. Il se lance alors dans une nouvelle description : La mort. "La mort était mon vertige parce que je n'aimais pas vivre." il voulait toujours rester vivant par ses livres, il se demandait alors comment on l’interpréterai en 2013 et s'imaginait qu'on l'admirerait en disant "il a écrit des ténèbres". Il ne quitte plus sa mère, il parle avec elle comme en écrivant un roman à la troisième personne. Son grand-père l'inscrit au lycée Henri IV d'où il réussit plutôt bien et trouve des camarades et partage leurs jeux.
Intrigue[]
La famille de l'auteur[]
Dans un premier temps l'auteur décrit sa généalogie. Jean-Paul Sartre était le fils d'Anne-Marie Schweitzer et de Jean-Baptiste Sartre. Ce dernier décéda lorsqu'il n'avait que neuf mois. Sa mère, malgré le refus discret de Louise et Charles Schweitzer, s'installa chez eux. Les premiers temps furent difficiles, Anne-Marie et sa mère étaient en conflit perpétuel. Mais au fur et à mesure, la situation se débloqua et Charles devint un grand-père inoubliable et affectueux. Il revivait par son petit-fils.
Le rôle de petit-fils[]
Jean-Paul Sartre se souvenait qu'il avait été un garçon plutôt sage, à qui on avait évité la plupart des écueils de la vie. Il s'efforçait de prendre le rôle d'un enfant vertueux, que l'on ne pouvait qu'apprécier. L'adoration du grand-père pour son petit-fils et de sa famille avait fait de lui un enfant adoré et adorable. Tous ses faits et gestes répondaient aux attentes de ses proches et il en jouait. Il cherchait à tous prix à se faire aimer de tout le monde. Il s'efforçait donc, malgré ses propres sentiments à avoir le « bon comportement ». En analysant cela, il en déduisit que l'absence de son père, lui permettait d'avoir sa propre place. Mais sa relation avec sa grand-mère était moins facile, elle savait qu'au fond de lui, il était un enfant comme les autres. Cependant, quelques moments de bonne entente se présentaient parfois, notamment dans la belle-famille Schweitzer. Le déménagement à Paris
En 1911, ils déménagèrent à Paris et Charles créa l'Institut des Langues Vivantes (I.L.V). Dans un contexte délicat entre la France et l'Allemagne (1870, l'Alsace et la Lorraine appartiennent à l'Allemagne), ils inculquèrent au petit garçon, la haine germanique, sans réelles explications. L'I.L.V. semblait permettre d'adoucir les relations franco-allemandes : régulièrement Charles et Louise recevaient des allemands à diner. L'auteur semblait troublé de son comportement qui dura jusqu'à ses neuf ans : à vouloir toujours plaire, ses propres sentiments se renvoyait à lui en égocentrisme.
La découverte de la littérature[]
Durant son enfance, Jean-Paul Sartre, découvrit l'univers littéraire. Les livres étaient pour lui des objets mystérieux. Il observait les querelles de ses grands-parents sur leurs goûts contraires en matière de lecture. Il se mit dans l'idée que seule la littérature, en bonne et due forme était digne d'être lue. En expliquant qu'il écrivait des livres, Charles lui en donna un, mais le garçon ne sachant pas lire, il fut rapidement décontenancé. Anne-Marie lui proposa de lui lire une histoire, qu'elle lui contait régulièrement. Mais ne reconnaissant pas les phrases automatisées de sa mère, de surcroît trop sophistiquées, il fut désorienté et examina le rôle de ces objets mystérieux. Il apprécia de plus en plus, l'effet des livres et voulut, lui aussi, pouvoir les déchiffrer. Il prit un livre qu'il connaissait pratiquement par cœur et tenta de le déchiffrer. Sa curiosité et sa volonté lui permirent de savoir lire à la fin du livre. La bibliothèque de son grand-père, devint dès lors, un parc d'attractions. Il déchiffrait les mots même s'il ne les connaissait pas tous, jusqu'à ce qu'il découvre le dictionnaire, qui lui paraissait contenir toute la vie.
A mesure qu'il lisait, les mots se mettaient en mouvement et il observait leur spectacle. Il comparait les histoires qu'il lisait, à sa vie et ne comprenait pas toujours les comportements des personnages, ni le lien avec la réalité. Karl Schweitzer lui expliqua alors le cheminement d'un livre et lista les différents auteurs « classiques ». Le petit garçon les lisait sans s'arrêter, en les prenant pour ses amis. Il se les représentait semblables aux livres (objet) qu'il tenait entre les mains. Cependant, sa mère et sa grand-mère s'inquiétaient de le voir mettre autant d'ardeur dans ces lectures ; elles décidèrent de lui faire lire, en cachette, des ouvrages plus adaptés à son âge. Il adora ces livres plus compréhensibles où tout se finissait bien. Charles fut déçu, mais comprit, lorsqu'il découvrit ses nouvelles lectures.
Son instruction[]
Un jour, le grand-père inscrivit son petit-fils à l'école, mais ce fut une catastrophe : bien qu'étant très en avance en lecture, il ne connaissait pas l'orthographe des mots. Charles fut fâché et quelque part humilié de cet épisode et le retira de l'école. A la place on prit un enseignant à domicile. Lorsqu'ils déménagèrent à Arcachon, il entra à l'école communale, puis à l'Institution Poupon. Mais cette dernière, trop élitiste, fut remplacée par une autre enseignante à domicile, lassée par la vie. Charles prit alors en main son instruction et décida de ses précepteurs.
A la recherche de sa place[]
Peu à peu, l'auteur constata qu'il n'était pas aussi central qu'il le pensait. Il comprit que Karlémami, Anne-Marie et le reste de la famille avaient leurs histoires et que sa présence ne changeait rien. Pensant être l'unique centre d'intérêts, il fut déçu et chercha quel était l'objectif de sa vie. Il ne se sentait pas exister et jalousait les personnes dont on ne pouvait se passer (M. Simonnot), et qu'on appréciait par-dessus tout. Puis sa grand-mère paternelle mourut. L'auteur expliqua qu'il rencontrait souvent la Mort lorsqu'il était petit. Il la personnifiait. Concernant la religion, rapidement, par l'intermédiaire des propos de son entourage, le petit garçon devint athée.
Plus Jean-Paul Sartre grandissait et moins son jeu d'imposture - d'un enfant adorable - fonctionnait. Il ne savait plus quoi faire pour retrouver sa place. Il se replia sur lui-même et inventait sa vie, seul, à travers des histoires imaginées. Il s'imaginait héros de toutes les situations, encouragé par les idées que véhiculait son entourage. Ses proches le marquaient d'un sentiment de vengeance lié à la défaite de 1870.
La découverte du cinéma[]
Un jour, sa mère l'emmena au cinéma. Cet art venait de naître et intriguait le jeune garçon. Il se plaisait à aller voir ces films muets où la musique lui inspirait les émotions que le réalisateur voulait transcrire. Chaque film faisait entrer le petit garçon dans un monde différent, qu'il appréciait. Et, lorsque Karlémami étaient occupés, Anne-Marie jouait au piano les morceaux entendus dans ces films. Jean-Paul Sartre s'imaginait alors en héros de films muets. Vivant à la fois dans ses illusions et dans la vie réelle, et n'ayant pas un développement physique dans la normalité, sa sociabilité avec les autres enfants était faible. Il vivait mal cette exclusion.
Ses début d'écriture[]
Lorsque l'été arriva, Louise, Anne-Marie et le petit garçon partirent à Arcachon. Karl envoyait des lettres en vers, au petit garçon et celui-ci se mit à lui répondre en vers. C'était ses débuts d'écrivain. Il prit le goût de l'écriture et s'inspira des histoires de ses livres et magazines pour enfants et écrivit en prose. Sa mère était fière de lui, mais son grand-père constata que ce qu'il écrivait s'inspirait de ses lectures d'enfant. Il fut déçu d'observer qu'il ne faisait que copier. Le petit garçon utilisait les histoires qu'il s'imaginait lorsqu'il lisait des livres ou qu'il allait au cinéma. A cette époque, la mode était au spiritisme et aux histoires fantastiques. Cela effrayait le jeune écrivain, mais contribuait à ses écrits. Au fur et à mesure, la copie s'estompa au profit de l'invention.
L'avenir[]
Le temps était venu pour le jeune garçon de se projeter dans l'avenir. Blanche Picard, informa sa mère et sa grand-mère que sa vocation était l'écriture. La famille n'avait pas les mêmes ambitions pour le garçon. Notamment Charles qui voulait faire de son petit-fils un professeur d'allemand, comme lui. Il accepta tout de même de ne pas freiner sa vocation, mais lui fit comprendre qu'il deviendrait professeur et que l'écriture serait annexe. Il mettrait fin à ses romans d'aventures pour se consacrer à des articles descriptifs ou littéraires. Déçu et obligé, il dut se résigner à écrire pour les autres, en espérant toucher les lecteurs et être reconnu par son talent. Malgré l'énergie que mettait Charles à faire en sorte que le petit garçon n'écrive plus, celui-ci avait compris qu'il était de ces auteurs que le monde attendait. Il se remit à écrire en imaginant son succès.
Première signification de l'écriture[]
Par l'intermédiaire des discours de son grand-père, le petit garçon se fit une idée originale du rôle de l'écriture. Elle était un objet d'échange et de salut pour les Hommes : sans elle, le Ciel rappellerait l'Homme à lui. Il se sentit protecteur à l'instar de Chanteclerc. Mais si son rôle était d'écrire pour protéger les Hommes, il s'inquiétait de palier son manque de « talent ».
La prégnance de la mort[]
Par ailleurs, particulièrement entre neuf et dix ans, il était obnubilé par la mort et n'appréciait pas son physique. Il s'était mis dans l'idée, qu'il ne serait apprécié qu'après sa mort. Il se sentait porteur d'un message, de la nécessité de ces « hommes illustres ». A travers sa renommée posthume qu'il s'imaginait, il tentait de se connaître.
La perte de l'envie d'écrire[]
Le petit garçon avait observé que l'envie d'écrire était venue d'une obligation. On l'avait induit dans cet art, sans qu'il en ait eu le choix. Bientôt, il n'écrivit plus, se rattachant aux savoirs scolaires. La première guerre mondiale qui s'était déclarée en 1914, avait réduit l'édition de ses livres préférés (pour enfants). Mais les combats lui permirent de renouer avec l'écriture et il imagina un texte sur la guerre, en utilisant ses fidèles aventuriers pour faire cesser les combats. Cependant, il constata qu'écrire ne racontait pas la vie et que tout ce qu'il avait pu écrire jusqu'à présent venait de son imagination : il ne prédisait pas l'avenir et ces écrits ne changeaient pas le cours des choses. Déçu de ce constat, il faillit renoncer à écrire. Il mit de côté ses anciennes lectures et en trouva d'autres telles que Sitting-bull, Buffalo bill, Texas Jack. Il mit aussi de côté, sa future et imaginée, carrière fulgurante d'écrivain. Il semblait serein de ce choix et vivait des moments agréables avec sa mère. Leur complicité l'amena peu à peu à détester les hommes qui s'approchaient d'elle.
L'école et la transformation[]
Plus tard, on se décida à l'envoyer au collège. Ses résultats étaient médiocres car il n'avait pas eu l'habitude d'apprendre en groupe. Après un entretien avec le professeur principal, qui le prit sous son aile, ses notes s'améliorèrent. Ce nouvel environnement lui permit enfin de se sociabiliser : il avait des amis. Ses relations le sortaient de son destin prévu par d'autres que lui. Il n'avait plus le temps d'écrire et appréciait ses camarades. Cet interlude lui permit de se développer et finalement de ne plus se centrer sur sa mort, mais sur sa vie et tout ce qui en découlait. Chaque moment difficile était un pallier de la vie.
L'écrit perfectible[]
Cette période de la vie de l'auteur a posé les bases de sa personnalité. Il explique alors qu'il a toujours recherché la progression dans ses œuvres, l'amélioration. Et comme tous « perfectionnistes » et ayant des difficultés à s'aimer, l'auteur reniait ses œuvres précédentes pour rechercher le perfectionnement futur.
Les croyances de l'auteur[]
Son enfance fut malgré tout, connotée par ses croyances. Il se convainquait que le « Tout-Puissant » n'existait pas réellement, mais que le « Saint-Esprit » régissait sa vie. Il l'associait à ses choix et le rendait responsable de sa destinée. La Mort, sa mort, de moins en moins présente, continuait de le hanter dans les moments d'ennui. Mais tout ceci contribua à lui faire découvrir son existence.
Réflexion de l'auteur sur sa vie[]
Il conclut brièvement en expliquant qu'il s'est engagé entièrement dans ses ouvrages en s'appuyant sur sa foi et son travail. Car très jeune, il s'était senti sans talent et pensait avoir à se battre pour faire quelque chose de sa vie et accéder à la gloire qu'il s'imaginait. Il relie d'ailleurs son succès à cette absence de talent, qui l'a poussé à chercher toujours plus haut.Adaptations[]
Au théâtre[]
- Robert Gironès, Sartre, Grenoble, 1977
Sources[]
- ↑ 1,0 et 1,1 Première édition - Notice BnF